Joran Leneutre danse avec les stars
Après avoir validé son talent émergent en montant sur le podium final de la 208 Racing Cup et de la Clio Cup France, Joran Leneutre s’est vu propulser, grâce au soutien de ses partenaires, vers le sommet du sport automobile national en circuit : le jeune pilote de Bernay (Eure) participe au championnat de France FFSA GT Pro-Am au volant d’une magnifique Alpine A110 GT4 EVO, au sein de l’équipe AUTOSPORTGP LS Group Performance. Avec son coéquipier, l’expérimenté Nantais Pascal Huteau, il a ouvert son compteur de points à l’occasion de la première épreuve de la saison à Nogaro, où il s’est classé 8e et 6e à l’arrivée de deux courses mouvementées !
Joran se doutait que cette première expérience en Grand Tourisme ne serait pas facile. Et bien, il a été servi ! « En début de week-end, j’avoue avoir été sidéré par l’organisation très professionnelle du team et par le fait qu’il faut constamment mettre en œuvre des stratégies. C’est une grande différence par rapport aux catégories que j’ai fréquentées auparavant. » Tout cela s’explique par la compétitivité du championnat et le format des courses, plus longues et disputées par des équipages de deux pilotes. Il faut disposer d’un encadrement de haut niveau : ingénieurs, coachs, team-manager, sans parler des trois autres pilotes, dont l’immense expérience ne peut que profiter au « rookie » de la bande.
La séance d’essais chronométrés laisse Joran dubitatif : il signe le 20e chrono (sur 36 engagés) et clairement, il espérait mieux. Pour expliquer ce résultat, il faut savoir que le championnat de France fonctionne avec une « Balance de Performance » destinée à équilibrer un plateau constitué de voitures très différentes. Grâce à ce système, une Alpine, très légère et dotée d’un moteur 4 cylindres de 1,8 litres de cylindrée turbocompressé ira aussi vite sur un tour qu’une Audi R8 LMS beaucoup plus lourde et propulsée par un V10 atmosphérique. Mais Nogaro ouvre la saison avec deux nouvelles voitures, dont l’Alpine A110 GT4 EVO, et les organisateurs ont un peu tâtonné pour établir les fiches techniques. Ils ont d’ailleurs revu leur copie avant les courses, notamment en lâchant un peu la bride aux Alpine. Mais pour les qualifications, le mal était fait et il allait falloir remonter en course.
La remontée s’est produite, et l’Alpine #110 a franchi la ligne 13e et 6e en Pro-Am malgré un dysfonctionnement du système destiné à optimiser le temps d’arrêt au stand. Mais le lendemain, Joran s’est fait rattraper par la patrouille des commissaires sportifs, pour un contact avec une autre voiture pendant son relais. Comme la calèche de Cendrillon redevenue citrouille, la 6e place de Joran et Pascal s’est transformée en 8e place.
Cependant la capacité de nuisance d’une pénalité est très variable selon les circonstances : souvenez-vous du pilote Ferrari Carlos Sainz au récent Grand Prix d’Australie : 5 petites secondes de pénalité l’ont fait chuter de la 4e à la 12e place car appliquées au moment où le peloton venait d’être relâché après un regroupement général derrière la voiture de sécurité ! Si, à l’inverse, la pénalité vous fait chuter derrière des concurrents qui ne sont pas dans la même catégorie que vous, le dommage est limité en termes de points au championnat. Ces deux phénomènes se sont conjugués pour Joran, d’où un recul limité au classement de la course 1.
En course 2, la progression a été plus spectaculaire, de la 29e place de Pascal au départ à la 12e place de Joran sous le drapeau ! Un gain de 17 positions, réparti quasiment à parts égales entre les deux coéquipiers. Et puis, une nouvelle douche froide s’est abattue sur Joran, sous la forme d’une autre pénalité de 20 secondes. Elle eut pour effet de faire rétrograder le duo au classement général, mais pas dans la classe Pro-Am, qui seule compte pour le championnat. Joran, Pascal et leur équipe ont pu ainsi savourer de plus belle une 6e place bien méritée. 6e, c’est aussi la place qu’ils occupent aujourd’hui au championnat.
Joran tire les conclusions de son escapade au pays du Madiran, du Floc de Gascogne et du Pousse-Rapière qui n’ont jamais figuré à son menu pendant ce week-end de Pâques : « Une séance d’essais par jour, vendredi et samedi, ça parait limité, mais il y a tellement à faire avec l’analyse des datas, les vidéos embarquées, les répétitions de changement de pilote, qu’on ne voit pas la journée passer ! J’ai beaucoup de choses à découvrir, il faut réfléchir et apprendre sans cesse et le plus vite possible puis appliquer sur la piste. Rien que pour les pneus, il y a une page complète de notes de Pirelli à assimiler. J’ai reçu pas mal de conseils de l’équipe sur les arrêts aux stands et sur la manière dont on doit se coordonner avec Pascal mon coéquipier. Lors de la course 1, j’ai manqué de réussite sur la pénalité car j’ai touché une voiture qui a pilé juste devant moi. Je dois attaquer pour trouver des opportunités de gagner des positions, mais c’est à moi de faire attention à ne pas être trop optimiste. Les courses durent une heure et non 25 minutes comme l’année dernière en Clio Cup. Il ne faut pas trop en faire pour ne pas avoir à payer le prix fort. Mais l’équipe est hyper compétente et l’Alpine est une super auto, on ne devrait donc pas tarder à jouer le podium. »
Et pourquoi pas dès Magny-Cours les 6 et 7 mai prochains ?